dernière mise à jour : 1/07/07

La moutarderie Bister et l'abbaye de Maredsous

Sauvenière, fin mars 2007.

La saison de conférences étant clôturée, nous reprenons donc nos sorties. La première de celles-ci, prévue tout en douceur pour se remettre dans l’ambiance de nos escapades, nous a menés, en matinée, à la découverte de la Moutarderie Bister à Jambes et en deuxième partie de journée à l’abbaye de Maredsous.

Bister fabrique depuis 1926 de la moutarde et des condiments de qualité supérieure.

La moutarde la plus connue de leur fabrication est l’Impériale, présentée dans des bocaux en forme de grenade.

Mais leur gamme est bien plus étendue : les principaux produits sont les moutardes de Dijon, forte et mi-forte, à l’ancienne, au miel, des vignerons du Sud... Outre les moutardes, leurs  principaux produits se situent dans des préparations de sauces froides à base de cornichons ou de câpres, des sauces certifiées « bio ». Il y a égalment dans leur gamme des piccalilli, petits oignons, cornichons etc.…

Depuis 1926, pas moins de trois générations Bister se sont succédé à la direction des établissements du même nom. Cette société au capital entièrement familial présente ses produits dans toutes les grandes surfaces du pays, chez les grossistes, les épiciers et les bouchers.

L’entreprise occupe actuellement 15 personnes. Ils produisent 500 tonnes de moutarde par an, soit 15% des besoins du marché belge.

L’administrateur délégué de l’entreprise est Madame Fabienne Bister, petite fille du fondateur, François Bister. En fait, la torréfaction de la chicorée était sa spécialité, mais en 1930, il décida de racheter une moutarderie de la région et profita d’une recette soigneusement protégée : celle de l’Impériale.

Tirée à la louche d’un gros pot en grès, elle était à cette époque servie par l’épicière dans le ravier qu’apportait la cliente.

Par la suite, avec l’arrivée du libre-service, les pots « grenades », en souvenir des grenades Mills de la guerre 1940-1945, firent leur apparition. Le bocal n’a jamais changé depuis et le succès de la moutarde Impériale ne se départit pas.

Jean Bister succéda à son père pour gérer la société et aujourd’hui Fabienne a repris le flambeau. Les sociétés, qui de nos jours, sont dirigées par la troisième génération sont rares.

Fabienne Bister, jeune chef d’entreprise namuroise et européenne dans l’âme, a traversé la frontière franco-belge pour implanter dans l’Aube une unité de production de moutarde comme on sait si bien la préparer au royaume des frites.

Elle l’a fait au nez et à la barbe de deux villes qui se disputent le premier rang pour la fabrication de ce condiment : Dijon et Reims.

La moutarde, Fabienne est tombée dedans dès l’enfance. La maison familiale se situant juste à côté de l’entreprise, son père Jean étant passé aux commandes, l’usine deviendra vite son terrain de jeu favori. Elle y a grandi et beaucoup appris sur le monde de l’entreprise. Utile lorsqu’elle deviendra, l’espace de quelques années, journaliste économique.

Dans l'usine située en France, on fabrique journellement 25.000 pots de moutarde.

Signalons enfin qu’en dehors de son entreprise, Fabienne Bister est la vice-présidente de la Fédération des Entreprises Belges (la F.E.B). C’est d’ailleurs la toute première femme élue à ce poste. Elle préside également le comité des P.M.E.  dont l’objectif est de défendre les petites et moyennes entreprises.

Accueil sympathique, visite de l’entreprise  et petit cadeau souvenir ont achevé cette intéressante visite.

Un clin d'oeil !

Après un très bon dîner pris au restaurant « Les jardins de la Molignée » tout en suivant la jolie petite rivière du même nom, nous sommes partis l’après-midi à la découverte de l’abbaye de Maredsous.

Monastère fondé au XIXème siècle, Maredsous dépend d’un passé bien plus lointain. Plus que millénaire en réalité ! En voici un tracé sommaire.

Les moines de Maredsous sont des bénédictins. Ce nom vient du fait qu’ils suivent la règle de St Benoît dont la règle de vie monastique est héritière de toute une tradition.

Depuis le Moyen Age, c’est par milliers que se créent dans toute l’Europe des monastères d’hommes pour les moines et de moniales pour les femmes, pratiquant la règle bénédictine. Périodiquement, ces monastères sont réformés, réorganisés en vue d’un retour à la pratique plus fidèle de la Règle et d’une adaptation à un monde en perpétuelle évolution. Parmi ces mouvements de restauration, citons par ex. l’abbaye de Cluny pour le début du Xème siècle et deux siècles plus tard celle de Cîteaux, toutes deux en Bourgogne.A la fin du XVIIIème siècle sur le territoire correspondant à la Belgique actuelle, il y a une cinquantaine de monastères bénédictins sans compter les monastères cisterciens. Mais suite à la révolution française, monastères et maisons religieuses sont supprimés dans nos régions. Ils sont vendus et pour la plupart détruits.

Cela ne signifie néanmoins pas la fin de la vie monastique. Certains moines survivants ont racheté les bâtiments de leur ancienne abbaye, mais ils éprouvent les plus grandes difficultés à reconstituer des communautés avec d’anciens religieux vieillissants. La solution est ailleurs dans des fondations nouvelles qui se développent progressivement durant les XIXème et XXème siècles. Aujourd’hui, l’espace belge a retrouvé une trentaine de monastères bénédictins. Maredsous se situe dans ce renouveau.

La bibliothèque de Maredsous a été créée en 1872 lors de la fondation de l’abbaye. L’ensemble des volumes se monte à environ 400.000 unités. Le département le plus important concerne les sciences religieuses.

On y trouve aussi d’autres secteurs liés à certaines activités de l’abbaye. Ils y ont développé les domaines de la littérature grecque, latine et française. Ceci grâce au collège d’humanités et plus tardivement sur l’histoire de l’art. La  peinture, la sculpture et l’architecture grâce à l’école des métiers d’art.

La bibliothèque de Maredsous est un établissement privé. Elle sert surtout aux membres de la communauté bien qu’elle soit ouverte à ceux qui en font la demande : professeurs, chercheurs universitaires et étudiants.

Autre centre intéressant dans le cadre de l’abbaye, le centre Grégoire Fournier. Il abrite des collections d’histoire naturelle rassemblées par le Père Fournier.

Les riches collections de géologie, minéralogie, biologie, archéologie, et la principale, la paléontologie  font de ce musée une partie du patrimoine scientifique de la Belgique. Cette section comprend une série de 26 m de vitrines et dioramas montrant toutes les étapes de la vie, mises en relation avec tous les grands âges de la terre depuis 3,5 milliards d’années. Il est accessible au public les samedis et dimanches après-midi.

Plus prosaïquement, Maredsous est également connue pour ses bières d’abbaye, qu’elle commercialise mais ne brasse pas. Il en existe quatre sortes différentes, toutes de haute fermentation avec refermentation en bouteilles. Elles sont fabriquées à la brasserie Moortgat à Breendonck qui fabrique également la Duvel.

Il y a donc la Maredsous à 6° : bière blonde de fermentation haute brassée dans la tradition des bénédictins de Maredsous. De couleur jaune antique, cette bière a une mousse blanche abondante, serrée et stable.

La Maredsous brune à 8° : malgré sa force cette bière brune offre une sensation de légèreté dans la bouche.

Enfin, la Maredsous ambrée titrée à 10°. Une bière douce de couleur ambrée. Elle est marquée par un bel équilibre entre les arômes de malt et de houblon. Arrière goût mielleux : 9,5°.

Les fromages de Maredsous sont aussi très connus et sont en vente dans la plupart des magasins belges.

Nous avons eu une très bonne guide qui nous a bien expliqué l’évolution de ces ordres monastiques, qui a attiré notre attention sur pas mal de détails architecturaux, ainsi que sur toute la symbolique inhérente à ce genre d’édifice. Après la visite de l’intérieur de l’église, nous nous sommes promenés à l’extérieur pour écouter d’autres explications, grelottants stoïquement  sous l’influence de ce mauvais vent du Nord mais néanmoins heureux de cette intéressante visite.

En fin de journée, une petite dégustation de fromage de Maredsous et d’une bonne bière du même nom a ravi tous les participants.

Merci à vous tous qui avez participé à cette première sortie printanière, mes excuses aux personnes que je n’ai pas pu ajouter à cette sortie, faute de places disponibles, et à bientôt pour d’autres découvertes.