Sauvenière,
fin avril 2009
Bonjour
à tous,
La
deuxième excursion de notre saison s’est déroulée dans la région gantoise.
En
matinée; nous avons visité les établissements Ganda, fabricants du célèbre
jambon. Lorsque l’on achète 100 gr de jambon pour en garnir un sandwich,
on n’imagine pas que cet aliment courant à vraiment toute une histoire,
qu’il se décline sous différentes fabrications, régionales ou nationales.
Tentons
donc d’en connaître un peu plus à ce sujet.
La
Belgique…..du temps des Romains au Ganda.
La
Belgique reste un des principaux producteurs et exportateurs de viande
de porc en Europe. Reste, car c’était déjà le cas du temps de l’Empire
romain, il y a plus de 2000 ans. A cette époque, des cargaisons entières
de jambons salés et séchés prenaient le chemin de Rome. Deux cents ans
environ avant J.C., l’auteur romain Caton écrivait : « Trois
à quatre mille quartiers et jambons de porcs provenant de la Belgique
emplissent les entrepôts souterrains italiens ». Et le géographe
romain, Strabon parlait de la viande de porc, fraîche et salée, des
« Belgae » en ces termes : « Leurs porcs peuvent
circuler librement dans la nature et ces animaux sont remarquables par
leur taille, leur agressivité et leur mobilité ». Il est probable
qu’il s’agissait à l’époque d’une race de porcs sauvages, qui se nourrissaient
de racines, de glands et de châtaignes qu’ils trouvaient dans les bois.
Au fil des siècles, cette race fut croisée avec des races domestiquées
plus riches en viande et en graisse. Longtemps, ces animaux furent conduits
dans les forêts afin de les engraisser par un régime de glands et de
châtaignes, jusqu’à ce que des lois limitent l’élevage libre. Les techniques
de la préparation du jambon avaient principalement été mises au point
dans les régions d’Europe occidentale. Les fermiers lui font encore
honneur aujourd’hui. Les éleveurs de porcs abattaient leurs animaux
de novembre à février. Dans la froidure de l’hiver, ils frottaient les
jambons au sel pour les conserver et les porter à maturation. Au printemps,
la viande est transférée dans la grange pour sécher. Un processus de
fermentation naturelle donnait aux jambons leur belle robe acajou et
leur saveur inégalée. Parfois le jambon était suspendu dans la cheminée
de l’âtre pour y être fumé.
Historique
de l’entreprise Ganda
En
1954, Roger Cornélis et son épouse Maria Mattheeuws s’installent comme
bouchers indépendants dans une maison de location à Wetteren. Etant
donné l’évolution positive des ventes, il est nécessaire de déménager
vers un endroit plus spacieux, qu’ils trouvent à Mariakerke.
En
1969, ils décident de vendre la boucherie et de commencer une petite
entreprise de salaisons à Destelbergen. Ils font construire un atelier
de 500m2 pour la production de produits cuits et de charcuterie
saumurée.
En
1970, l’affaire prend de l’ampleur avec une halle aux viandes sous la
marque Corma venant de Cornelis et Mattheuws. La production de charcuteries
et le chiffre d’affaires ne cessent de croître. Ils fournissent d’autres
bouchers et grossistes en produits finis, dont du jambon cru, de la
tête pressée gantoise et des carrés de porc fumés. Dans la gamme composée
de près de 45 produits, le jambon cru flamand semblait le plus apprécié.
En
1980 le petit commerce personnel fut transformé en SPRL et le fils Dirk
Cornélis rejoint alors l’entreprise et commence à expérimenter des procédés
de salage de jambon. En revenant aux méthodes ancestrales des petits
éleveurs, il découvre que le salage à sec améliore sensiblement le goût
du produit fini. Ce faisant, il remarque également qu’un jambon salé
à sec peut parfaitement arriver à maturité sans ajout de nitrates. De
plus, il se rend compte que l’emploi de sel marin donne des arômes intéressants.
En
1981, le chiffre d’affaires annuel était déjà de 1 million d’€ environ.
En 1985, il atteint près de 4 millions d’€ pour les produits cuits et
les jambons.
En
1985, la firme se met en quête d’une marque pour remplacer le « jambon
fermier flamand », nom utilisé jusqu’alors. Ce sera « Jambon
Ganda » une appellation qui fait référence à son lieu d’origine.
Production
du jambon Ganda
Seuls
trois ingrédients entrent dans la préparation du jambon ganda, séché
naturellement : de la viande de porc, du sel marin et du temps !
On n’y ajoute ni nitrites, ni colorants, ni exhausteurs de goût. Le
salage à sec, suivant un procédé artisanal, et la maturation naturelle
permettent de laisser se développer l’arôme riche et unique de ce jambon.
Le
procédé de production est entièrement emprunté à la méthode traditionnelle
des éleveurs de porcs. Lorsqu’ils sont livrés, les cuissots arrière,
exclusivement d’origine belge, sont inspectés individuellement avec
soin pour contrôler leur qualité. Chaque jambon est pesé et étiqueté
afin d’en assurer la traçabilité. Pour les porter à la même température
interne, les jambons frais sont acclimatés un à deux jours en chambre
froide
Deux
méthodes de salage co-existent.
Lors
du saumurage, les jambons sont empilés les uns sur les autres dans un
bain de saumure. Le sel pénètre alors dans le jambon et l’humidité est
éliminée par la suite, par pressage. C’est le procédé utilisé classiquement
pour la préparation des jambons en Belgique ou aux Pays bas.
Autrefois
les éleveurs appliquaient le procédé de salage à sec. Le sel assèche
la chair, sans en ôter les sucs.
Lors
d’un premier salage les jambons sont frottés au sel marin. Une fois
que les résidus de sang sont extraits des artères par pressage on frotte
la couenne et la viande au sel. La saleuse répand à sec du sel en excès
sur les jambons qui sont encore salés à la main. Ils disparaissent alors
une semaine dans les saloirs, à une température comprise entre 2 et
4° C. Le sel retire l’humidité de la viande, s’y dissout et pénètre
dans la chair. L’eau ôtée et de la chair s’évaporent.
Deuxième
salage
Après
une semaine, les résidus de sel sont enlevés. Un massage ré-assouplit
la viande, ce qui lui permet d’absorber plus facilement le sel. Les
jambons reposent ainsi deux semaines.
Déssalage,
lavage et maturation
Auparavant
les jambons étaient alors brossés. Pour le jambon Ganda, on nettoie
les jambons salés à sec au moyen d’une soufflerie. Maintenant, ils sont
suspendus à des cadres et non empilés comme dans le saumurage industriel.
La viande repose deux mois dans des affinoirs réfrigérés permettant
pendant ce temps au sel de pénétrer dans le jambon. Pendant la maturation,
l’eau qui se trouve à la surface du jambon s’évapore ce qui entraîne
la formation de très fins cristaux de sel sur la couenne. C’est pourquoi
on administre aux jambons une bonne douche à la fin du processus de
maturation.
Séchage
Comme
dit plus haut, naguère les fermiers laissaient sécher les jambons dans
la grange où ils trouvaient les conditions optimales pour développer
leur arôme délicat. Le jambon Ganda est lui suspendu dans des séchoirs
légèrement ventilés à une température d’environ 17°C. La combinaison
du froid, de la ventilation et de la température constante garantissent
un séchage parfait. Dans ces séchoirs, on a atteint au fil des ans un
équilibre bactériologique parfait. Les ferments naturels peuvent faire
leur office et lancer un lent processus enzymatologique. Après 10 semaines
de séchage, une croûte dure se forme sur la partie maigre du jambon située
près de l’os. C’est pourquoi cette partie est massée avec un mélange
de saindoux, de farine, de sel et de poivre. Le jambon est encore séché
jusqu’à l’âge de 9 mois. Pendant le séchage la qualité des jambons fait
l’objet d’un contrôle permanent. Le maître affineur enfonce dans la
chair une aiguille en os de cheval. Lorsqu’il la retire de la viande
et la hume, le riche arôme qui s’en dégage lui indique son état de maturation.
Après
9 mois, les jambons de taille inférieure sont à nouveau lavés afin d’enlever
la couche de saindoux. Les jambons plus gros reposent encore de 3 à
5 mois.
Les
jambons sont maintenant près à être vendus, à l’os ou désossés. On procède
au désossement des jambons dans une salle spéciale. Ils y sont successivement
désossés, nettoyés pour éliminer l’arrière-goût rance laissé par la
graisse oxydée pendant le séchage, ficelés, pressés, marqués au logo
Ganda et emballés sous vide. Il reste encore un dernier contrôle de
qualité, rigoureux. Les jambons qui ne satisfont pas aux critères imposés
sont éliminés, sans appel.
Dans
le hall d’envoi, les jambons emballés sous vide sont pourvus des étiquettes
nécessaires : poids et date limite de conservation et placés dans
un filet et expédiés aux différents clients : restaurateurs, grossistes,
bouchers, et supermarchés.
Le
jambon de sangler Ganda
Le
jambon de sanglier ganda mûrit et sèche de la même manière que le jambon
Ganda. Le résultat donne un savoureux morceau de gibier. Il faut également
découvrir le saucisson sec de la marque. Le goût et l’arôme exceptionnels
de ce saucisson pur porc proviennent d’ingrédients naturels de très
grande qualité. Le saucisson est fabriqué avec du boyau naturel, accentuant
encore cet arôme qui le caractérise.
La
préparation se fait de manière artisanale tout en utilisant le mûrissement
naturel. Depuis quelques années Ganda prépare également le jambon bio
Ganda dont la viande de porc provient de fermes biologiques belges.
Le
taux de matières grasses des jambons Ganda est en moyenne de moins de
9% et ces matières grasses sont essentiellement composées d’acides gras
non saturés.
Pour
gouverne, sachez, qu’il y a en permanence de 130.000 à 140.000 jambons
en stock chez Ganda.
Après
cette intéressante visite nous avons pris le repas de midi à
Lochristi.
Petit
village situé dans la grande banlieue de Gand. Il est la capitale mondiale
du bégonia. La tradition veut que ce soit les moines de St Bavon qui
aient implantés les tubercules à fleurs dans cette petite cité. Tous
les ans, au cours du dernier W-E du mois d’août, des centaines de milliers
de fleurs sont utilisées pour le grand festival du bégonia. La route
des fleurs qui serpente autour de Lochristi et rejoint l’Escaut à Wetteren
permet aussi de découvrir les serres où sont cultivées les célèbres
azalées gantoises dont la culture a débuté aux environs de 1870.
L’après-midi
a été consacrée à la visite du
Parc
de Beervelde.
Visite
originale, c’est le moins que nous puissions dire ! C’est un domaine
de 25 ha dessiné au 19ème siècle et qui est resté depuis
la propriété de la famille des comtes de Kerchove de Denterghem. Ce
domaine est devenu avec le temps, avant tout le cadre où se tiennent
deux fois par an, en mai et en octobre, les renommées « Journées
des Plantes de Beervelde, mais en dehors de ces jours le domaine peut
être visité.
Ce
parc a été dessiné en 1870 au temps de l’époque romantique dans ce qu’il
est convenu d’appeler le « style paysager anglais ». L’idée
de base de ce style est de présenter sur une surface relativement restreinte
un paysage naturel de rêve.
Le
parc contient trois bâtiments.
1)
La villa
construite à l’emplacement où jadis se trouvait le château.
En
1947, 70 ans après sa construction, le château jugé inconfortable a
été rasé. Sur ses fondations a été construite une maison unifamiliale
proportionnée au site, mais qui 60 ans plus tard se révèle également
inconfortable.
En
1966, Roger Raveel et trois autres peintres ont transformé le couloir
central qui traverse les fondations en une œuvre picturale tridimensionnelle,
où la réalité et ce qui est peint se confondent. Actuellement, la question
se pose de savoir s’il faut considérer cette oeuvre d’art, classée,
comme une installation temporaire ou quelque chose à conserver. Je ne
suis pas spécialiste pour juger des oeuvres mais ici je suis vraiment
perplexe lorsque l’on dit que ces œuvres ont atteint une très grande
renommée ! Je suis vraiment dubitative à ce sujet.
Artiste
belge, Roger Raveel a vu le jour le 15 juillet 1921 à Machelen-sur-Lys.
Il vit et travaille désormais en cet endroit de Belgique, lieu de sa
naissance. Il est considéré comme l’un des artistes belge des
plus importants dans les années d’après-guerre.
Roger
Raveel a fait ses études à l’académie communale de Deinze, puis à l’Académie
Royale des Beaux-Arts de Gand. Son ami, Hugo Claus, lui a fait rencontrer
au tout début des années 50 des peintres du mouvement « Cobra »
tels que Karel Appel et Corneille, mais ce sont vers d’autres techniques
picturales qu’il se tourne.
En
1962, il passe trois mois en Italie où il travaille et expose ses œuvres
aux côtés d’artistes comme Ludo Fontana et Asger Jom.
Sa
carrière évolue vers une sorte d’abstrait qui s’inspire de la vie organique
végétale ou animale. Il tente d’établir un dialogue direct entre l’Art
et la réalité. Le langage plastique de ce peintre est tout simplement
si varié et divers que Roger Raveel est inclassable. Ses modes d’expression,
souvent contradictoires, confèrent à son oeuvre une vision étonnante
de la réalité comparable à une tension.
2)
Les dépendances
Des
dépendances aux allures de château s’organisent autour d’une cour intérieure.
Cet endroit comprend une étable, des box pour les chevaux et de la place
pour six voitures.
3)
Un pavillon
dans le fond du parc.
Beaucoup
de visiteurs se demandent quelle a été la fonction de cette jolie construction
très présente dans le paysage. Bien qu’il existe des documents prouvant
qu’à une époque cette construction a été utilisée comme « pool
house », la principale fonction prévue pour ce bâtiment a vraisemblablement
été de servir de point focal dans le paysage.
Journée
bien remplie et vraiment différente de nos sorties habituelles.

