dernièrre mise à jour 7/11/14

2014
 

 

Hastière

Sauvenière, fin septembre 2014

Bonjour à vous toutes et tous,

 

L’excursion de ce mois de septembre nous a permis de découvrir Hastière qui se trouve sur « la Via Mosane » du Chemin de Compostelle, plus précisément sur le tronçon de Namur à Reims faisant partie du parcours partant de Maastricht et Aix-la-Chapelle pour arriver à Vézelay. La localité se partage entre les deux berges de la Meuse : sur la rive droite, Hastière-par-Delà avec sa remarquable abbatiale romane et, sur la rive gauche, Hastière-Lavaux dont le cœur du village est animé par des commerces. Dans le passé, la région d’Hastière était connue entre autres pour l’usine Céramanova implantée à Waulsort et spécialisée dans les pavements rustiques, la fabrication de moulages divers ainsi que les plaques en terre cuite décorées de motifs en relief. Mais ce qui a fait surtout la renommée d’Hastière, c’est la  célèbre fabrique des Crayons Gilbert ; Hastière fut d’ailleurs longtemps surnommée « la Capitale du Crayon ».

Un peu plus d’une heure et demie après notre départ de Sauvenière, Thierry nous a déposés devant l’établissement « Côté Meuse » à Hastière-par-Delà pour notre petit café matinal. Nous y avons rejoint notre guide du jour, à savoir Monsieur Jonathan Porignaux.

Celui-ci nous a conduit d’abord à l’Abbatiale romane et gothique d’Hastière-par-Delà. Construite en 1033-1035 dans le style architectural roman mosan, cette Abbatiale faisait partie d’une abbaye bénédictine fondée par des moines irlandais. L’abbaye a partiellement subi un incendie en 1568 par les Huguenots et a été complètement détruite en 1793 par les révolutionnaires.

En ce qui concerne l’Abbatiale, l’abside romane a été détruite entre 1260 et 1264 et elle a été agrandie d’un chœur gothique présentant une remarquable voûte sur croisée d’ogives. Elle a été restaurée au XIXème siècle pour retrouver sa splendeur actuelle. Cette Abbatiale symbolise la foi, l’histoire et les vicissitudes des hommes. Nous y avons découvert des témoins prestigieux de
l’histoire tels que les arts roman et gothique, des stalles avec miséricordes datées de 1443, des peintures murales, des pierres tombales, une statuaire exceptionnelle, Vierge romane, sculptures de Lambert Lombart, Calvaire du XVème siècle, Triptyque d’Auguste Donnay et même des œuvres d’art contemporain tel qu’un chemin de croix vietnamien provenant de l’Exposition Universelle de 1958 à Bruxelles. Mais ce qui nous a laissé une grande impression, c’est la richesse de la crypte sous l’autel : des sarcophages mérovingiens, des graffitis du XIIème siècle, des reliquaires anciens et bien d’autres vestiges de l’ancienne abbaye nous ont fait prendre conscience de notre passé et de nos racines. Dans cette crypte, chaque pierre, chaque élément architectural, chaque apport sculptural témoignent du symbolisme et de l’histoire …

Pour le lunch, nous nous sommes rendus à Heer-sur-Meuse, berceau de Minouche, Minouchette et Minouchon. Nous avons pris le repas au restaurant « Le Castel des Sorbiers », un petit château du XIXème siècle, niché dans un cadre forestier paisible et offrant une vue superbe sur la plus grande île de la Meuse, l’île d’Androssart qui héberge notamment des castors.

L’après-midi, nous sommes restés au bord de la Meuse qui, bien que voie navigable, est néanmoins un fleuve capricieux qu’on a dû dompter. Jusqu’à un passé pas si lointain, il connut en effet des crues parfois catastrophiques pour la vallée et ses habitants. Afin de réguler son débit et de permettre la navigation, la Meuse a été canalisée ce qui a nécessité la construction de plusieurs barrages et écluses, dont le complexe de barrage-écluse d’Hastière.

L'actuel barrage tout à fait automatisé est opérationnel depuis 2001 et a succédé au dernier barrage mixte à aiguilles et à hausses encore en activité en Belgique. Nous avons bénéficié de la visite du musée en plein-air où Jonathan nous a fait une démonstration de ce que fut le métier d’éclusier-barragiste dans le passé.

A l’aide d’éléments des anciens barrages fluviaux qui se sont succédé à cet endroit, de maquettes grandeur nature et de très nombreuses photos, nous avons pu nous rendre compte à quel point le métier d’éclusier-barragiste était dur, pénible et dangereux particulièrement en périodes de gel et de crue.

Les points forts de cette visite concernaient entre autres la reconstitution de l’ancien barrage manuel avec l’écluse (d’ailleurs très jolie avec ses fleurs et son remarquable paysage typique de la vallée mosane), mais aussi  la visite de la salle de commande des actuels ouvrages électromécaniques modernes.

Ensuite, nous nous sommes rendus à la « Maison du Patrimoine ». Comme l’écrit le « Journal des Musées en Province de Namur » en juin 2011, celle-ci est l’aboutissement du rêve d’un personnage hors du commun : Jonathan Porignaux. En 2008, il acquiert le bâtiment qui fut anciennement l’entrepôt de la brasserie d’Hastière pour en faire un musée. Collectionneur, passionné, investisseur et investigateur du passé local, c’est à toutes ces facettes de la personnalité de Jonathan que l’on doit les collections de ce musée.

Née de la curiosité et du désir d’en savoir plus, la collection des vieux outils et autres témoins de l’artisanat et du labeur des habitants d’Hastière n’a cessé de se développer. Actuellement, trois thèmes y sont développés : la vie rurale (tailleur de pierre, maçon, forgeron, ferblantier, ardoisier, bûcheron, menuisier, charron, plombier, cordonnier, sabotier, boulanger, boucher, cuisinier, apiculteur, fermier, …), la vie fluviale (haleur de péniches, pêcheur, éclusier et barragiste manuels à Hastière et Waulsort, …) et la vie industrielle (rétrospective des industries locales disparues telles que Céramanova à Waulsort et la Fabrique des Crayons Gilbert précitées, mais aussi l’ancienne filature, la brasserie « L’Abeille », l’usine de traitement de sables « Sambre et Dyle » à Hastière-Lavaux, …). Des centaines d’outils, d’objets et de documents anciens y sont exposés. 

La visite de ce musée hastiérois a été véritablement enrichissante pour nous tous : nous y avons retrouvé des traces de notre enfance ou encore l’ingéniosité mais aussi le labeur de nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents. Bref, un véritable « atelier de la mémoire locale », mais aussi un lieu de rencontre et d’échange. Merci Jonathan !

La journée s’est terminée dans le très sympathique établissement « Chez Tech » autour d’un petit verre (beaucoup d’entre nous ont dégusté la bière locale « Perle d’Hastière ») et d’un morceau de tarte aux pommes.