Hastière
Sauvenière, fin
septembre 2014
Bonjour à vous toutes
et tous,
L’excursion de ce mois de septembre nous a permis de découvrir
Hastière qui se trouve sur « la Via Mosane » du Chemin de
Compostelle, plus précisément sur le tronçon de Namur à Reims faisant partie du
parcours partant de Maastricht et Aix-la-Chapelle pour arriver à Vézelay. La localité se partage entre les deux berges
de la Meuse : sur la rive droite, Hastière-par-Delà avec sa remarquable abbatiale romane et, sur la
rive gauche, Hastière-Lavaux dont le cœur du village est animé par des commerces. Dans le passé, la région d’Hastière était connue entre autres pour l’usine Céramanova implantée à Waulsort et spécialisée dans les pavements rustiques, la fabrication de moulages divers
ainsi que les plaques en terre cuite décorées de motifs en relief. Mais ce qui
a fait surtout la renommée d’Hastière, c’est la célèbre fabrique des Crayons Gilbert ; Hastière fut d’ailleurs longtemps surnommée « la Capitale du Crayon ».
Un peu plus d’une heure et demie après notre
départ de Sauvenière, Thierry nous a déposés devant l’établissement « Côté
Meuse » à Hastière-par-Delà pour notre petit café matinal. Nous y avons rejoint notre guide du jour, à
savoir Monsieur Jonathan Porignaux.
Celui-ci nous a
conduit d’abord à l’Abbatiale romane et gothique d’Hastière-par-Delà. Construite en 1033-1035 dans le
style architectural roman mosan, cette Abbatiale faisait partie d’une abbaye
bénédictine fondée par des moines irlandais. L’abbaye a partiellement subi un
incendie en 1568 par les Huguenots et a été complètement détruite en 1793 par
les révolutionnaires. |
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En ce qui concerne
l’Abbatiale, l’abside romane a été détruite entre 1260 et 1264 et elle a été
agrandie d’un chœur gothique présentant une remarquable voûte sur croisée
d’ogives. Elle a été restaurée au XIXème siècle pour retrouver sa
splendeur actuelle. Cette Abbatiale symbolise la foi, l’histoire et les
vicissitudes des hommes. Nous y avons découvert des témoins prestigieux de
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l’histoire tels que les arts roman et gothique, des stalles avec miséricordes
datées de 1443, des peintures murales, des pierres tombales, une statuaire
exceptionnelle, Vierge romane, sculptures de Lambert Lombart,
Calvaire du XVème siècle, Triptyque
d’Auguste Donnay et même des œuvres d’art contemporain tel qu’un chemin de
croix vietnamien provenant de l’Exposition Universelle de 1958 à Bruxelles.
Mais ce qui nous a laissé une grande impression, c’est la richesse de la crypte
sous l’autel : des sarcophages mérovingiens, des graffitis du XIIème siècle,
des reliquaires anciens et bien d’autres vestiges de l’ancienne abbaye nous ont
fait prendre conscience de notre passé et de nos racines. Dans cette crypte,
chaque pierre, chaque élément architectural, chaque apport sculptural
témoignent du symbolisme et de l’histoire … |
Pour le lunch, nous
nous sommes rendus à Heer-sur-Meuse, berceau de Minouche, Minouchette et Minouchon. Nous avons pris le repas au restaurant
« Le Castel des Sorbiers », un petit château du XIXème siècle, niché dans un cadre forestier paisible et offrant une vue superbe sur
la plus grande île de la Meuse, l’île d’Androssart qui héberge notamment des castors.
L’après-midi, nous sommes restés au bord de la
Meuse qui, bien que voie navigable, est néanmoins un fleuve capricieux qu’on a
dû dompter. Jusqu’à un passé pas si lointain, il connut en effet des crues
parfois catastrophiques pour la vallée et ses habitants. Afin de réguler son
débit et de permettre la navigation, la Meuse a été canalisée ce qui a
nécessité la construction de plusieurs barrages et écluses, dont le complexe de barrage-écluse d’Hastière.
L'actuel
barrage tout à fait automatisé est opérationnel depuis 2001 et a succédé au
dernier barrage mixte à aiguilles et à hausses encore en activité en Belgique. Nous avons bénéficié de la visite du musée en plein-air où Jonathan
nous a fait une démonstration de ce que fut le métier d’éclusier-barragiste
dans le passé. |
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A l’aide d’éléments des anciens barrages fluviaux qui se
sont succédé à cet endroit, de maquettes grandeur nature et
de très nombreuses photos, nous avons pu nous rendre compte à quel point le
métier d’éclusier-barragiste était dur, pénible et dangereux particulièrement
en périodes de gel et de crue.
Les points forts de cette visite concernaient
entre autres la reconstitution
de l’ancien barrage manuel avec l’écluse (d’ailleurs très jolie avec ses fleurs
et son remarquable paysage typique de la vallée mosane), mais aussi la visite de la salle de commande des actuels
ouvrages électromécaniques modernes. |
Ensuite, nous nous
sommes rendus à la « Maison du
Patrimoine ». Comme l’écrit le « Journal des Musées en
Province de Namur » en juin 2011, celle-ci est l’aboutissement du rêve d’un
personnage hors du commun : Jonathan Porignaux. En
2008, il acquiert le bâtiment qui fut anciennement l’entrepôt de la brasserie
d’Hastière pour en faire un musée. Collectionneur,
passionné, investisseur et investigateur du passé local, c’est à toutes ces
facettes de la personnalité de Jonathan que l’on doit les collections de ce
musée.
Née de la curiosité
et du désir d’en savoir plus, la collection des vieux outils et autres témoins
de l’artisanat et du labeur des habitants d’Hastière n’a cessé de se développer. Actuellement, trois thèmes y
sont développés : la vie rurale (tailleur de pierre, maçon, forgeron,
ferblantier, ardoisier, bûcheron, menuisier, charron, plombier, cordonnier,
sabotier, boulanger, boucher, cuisinier, apiculteur, fermier, …), la vie fluviale (haleur de péniches, pêcheur, éclusier et
barragiste manuels à Hastière et Waulsort,
…) et la vie industrielle (rétrospective des
industries locales disparues telles que Céramanova à Waulsort et la Fabrique des Crayons Gilbert précitées, mais
aussi l’ancienne filature, la brasserie « L’Abeille », l’usine de
traitement de sables « Sambre et Dyle » à Hastière-Lavaux, …). Des centaines d’outils, d’objets et de documents anciens y sont
exposés. |
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La visite de ce musée hastiérois a été véritablement enrichissante pour
nous tous : nous y avons retrouvé des traces de notre enfance ou encore
l’ingéniosité mais aussi le labeur de nos parents, grands-parents et
arrière-grands-parents. Bref, un véritable « atelier de
la mémoire locale », mais aussi un lieu de rencontre et d’échange. Merci
Jonathan !
La journée s’est
terminée dans le très sympathique établissement « Chez Tech » autour
d’un petit verre (beaucoup d’entre nous ont dégusté la bière locale
« Perle d’Hastière ») et d’un morceau de
tarte aux pommes. |

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