Leuven
Gembloux, mi-juillet 2015
Bonjour à vous toutes et tous,
Le 16 juillet dernier, nous avons visité la jolie ville de Louvain (Leuven).
Nous sommes attendus à 9 h 30 aux « Salons
Georges » de Leuven. Cette petite ville située
sur les berges de la Dyle est mentionnée pour la première fois dans des écrits
datant du IXème siècle. Mais le premier apogée de la ville remonte
au XVème siècle, époque à laquelle le commerce du drap apporta
richesse et prospérité.
Cet élan s’accompagna de la fondation en 1425 de
l’Université, de l’aménagement de la Grand-Place et de l’essor d’industries
diverses. C’est également de cette période que datent de nombreux superbes
bâtiments faisant la fierté de Leuven : le
splendide Hôtel de Ville, l’église Saint-Pierre, la Halle aux draps
(Halles universitaires), … Au travers des siècles, l’Université (K.U.Leuven) a en grande partie modelé le visage urbain de la
ville qui est littéralement parsemée de bâtiments universitaires dont l’élégant
Collège Van Dale (renaissance) ainsi que les Collèges du Faucon, du Pape et
d’Arras (style classique). Leuven fait également la
part belle au baroque avec notamment l’église Saint-Michel et l’incomparable
stucage de l’Abbaye de Parc. Voilà le décor tout tracé pour notre visite !
En 1432, l’université fraîchement fondée fut
installée dans une aile de la Halle aux
draps, un prestigieux édifice gothique construit entre 1317 et 1345 et qui
ne comprenait à l’origine qu’un niveau. En 1679, la ville donna toute la Halle
en emphytéose à l’université qui ne tarda pas à construire l’étage en style
baroque. En 1723, l’aile « Rega », de style
classique, fut ajoutée du côté du Vieux Marché. La Halle abrita des classes et
la bibliothèque jusqu’à la Première Guerre Mondiale. Une grande collection
d’ouvrages se trouvait dans une splendide salle regorgeant de sculptures en
chêne. Le glas de cette imposante bibliothèque sonna pendant cette guerre où
une grande partie de l’intérieur fut incendiée ou emportée.
|
|
 |
En 1922, les Halles
furent reconstruites à l’identique et sont de nos jours encore le siège
administratif de l’université.
Au cours de notre visite, nous avons traversé une
partie du rez-de-chaussée des Halles et nous avons pu admirer deux superbes
salles, le tout richement illustré par les explications et anecdotes de notre
guide. Ensuite nous sommes montés en haut du bâtiment, ce qui nous a livré une
splendide vue sur une partie de la ville. |

 |
A deux pas des Halles se trouve l’Hôtel de ville de Leuven qui est l’un des hôtels de ville gothiques les plus connus au monde. Le premier
hôtel de ville a été dressé sur le Vieux Marché et le deuxième fut aménagé en
1439 dans une rangée de maisons sur la Grand-Place. Les vastes caves des
maisons existantes ont été conservées et restaurées.
La construction de l’hôtel de ville a duré des dizaines d’années.
Au pied de ce magnifique bâtiment, le guide
nous raconte la fameuse tradition folklorique du « Meyboom ».
Plusieurs versions existent sur l’origine de cette tradition dont l’une remonte
en 1143 où on évoque un mariage entre un Louvaniste et une Bruxelloise qui
aurait tourné court. |
|
La concurrence entre Bruxelles et Leuven joue certainement un rôle dans cette tradition du Meyboom puisque l’arbre doit être planté avant 17 h sous peine de voir le privilège de
la plantation passer aux mains des Louvanistes. Ceux-ci ont d’ailleurs enlevé
l’arbre en 1939, mais les Bruxellois en ont coupé un autre qu’ils ont planté
dans les délais. Il semble qu’aujourd’hui on ait accordé à chacune des deux
villes le privilège du Meyboom, au grand regret des
adeptes de l’ancienne tradition.
La concurrence entre Bruxelles et Leuven a
également joué un rôle déterminant dans l’édification des hôtels de ville
respectifs. Mais concentrons-nous sur celui de Leuven qui revêt l’aspect caractéristique du gothique tardif avec quatre tours
d’angle, les deux tours de faîte et une balustrade qui ceinture le
bâtiment ; il comporte trois étages. Entre les fenêtres, des saillies avec
chaque fois deux niches ont été aménagées. Les socles de ces niches sont des
sculptures représentant des thèmes bibliques, avec notamment le thème du péché
et du châtiment qui revient systématiquement. Les socles avaient pour fonction
à la fois d’enseigner et de réprimander, non seulement le peuple, mais aussi
les juges qui y siégeaient. |
|
 |
Les 236 statues caractéristiques placées dans les
niches ─ que l’on qualifie parfois encore de panthéon de Leuven ─ y furent aménagées après 1850. Les deux
rangées de l’étage inférieur représentent des artistes, des savants et des
personnages connus de l’histoire de Leuven. Au
premier étage, les statues symbolisent les saints patrons des paroisses et les
personnalités communales. Au second étage se trouvent notamment les comtes de Leuven et les ducs de Brabant. Les tours abritent des
personnages bibliques.
A l’intérieur, la « Salle des Pas Perdus »
au rez-de-chaussée est, comme souvent au Moyen Age, un prolongement couvert de
la Grand-Place. Cet espace ouvert donnait accès à tous les services
administratifs et à toutes les salles des étages ainsi qu’aux greniers. On y
voit entre autre le drapeau de Leuven qui se compose
de trois bandes : rouge-blanc-rouge, c.-à-d. les couleurs de la Basse-Lotharingie. |
Pour la salle gothique, c’est Willem Ards qui fut chargé des sculptures des socles et des
consoles des poutres du côté de la Grand-Place. Il trouva son inspiration dans
des scènes du Nouveau Testament, notamment la vie de la Vierge et de Jésus.
Durant les dernières décennies du XIXème siècle, la salle gothique a
été restaurée de fond en comble : les sols et les plafonds furent réparés
et les murs habillés. Une impressionnante cheminée fut construite sur l’un des
plus petits côtés de la salle. Pour recouvrir les murs, la municipalité
commanda onze tableaux du peintre tournaisien André Hennebicq.
Il peignit quatre toiles monumentales représentant des événements importants de
l’histoire de Leuven et sept portraits d’artistes et
de savants louvanistes. |
|
 |
Quant aux salons qui se situent dans la partie la
plus ancienne de l’hôtel de ville, ils furent utilisés comme salle du Conseil
au XIXème siècle. Les murs du premier salon sont ornés de portraits
des bourgmestres de Leuven depuis la période
française. La pièce maitresse du deuxième salon est le chef-d’œuvre de P.J. Verhaghen : « Moise
est présenté à la fille de pharaon ». De nos jours, ce salon fait
entre autre office de salle de mariages. |
Après ces deux visites très intéressantes, nous
sommes retournés aux « Salons Georges » pour prendre le repas de
midi. Ensuite, nous avons repris le car pour nous rendre à l’Abbaye de Parc.
L’abbaye des Prémontrés de Parc est une oasis de
calme et de quiétude. L’espace ouvert, composé de champs, d’allées, d’étangs et
de prés invite à la balade. Mais l’Abbaye de Parc est bien plus qu’un poumon
vert dans la banlieue de Leuven. Le monastère et le
domaine constituent un site patrimonial très précieux et harmonieux dont
l’histoire est longue et passionnante et l’authenticité énorme.
Le domaine était initialement un parc de chasse de
Godefroy le Barbu, duc de Brabant, d’où probablement son appellation. En 1129,
il légua son parc aux prémontrés de l’Abbaye de Laon en leur demandant
expressément d’y ériger une abbaye. Depuis lors, les prémontrés ont façonné le
site de Parc et l’ont occupé pratiquement sans interruption. Au fil des
siècles, Parc est devenu l’une des principales abbayes des Pays-Bas
méridionaux. Ses abbés bénéficiaient d’une haute considération et son réseau de
paroisses et de champs s’étendait sur de vastes pans du territoire de l’Ancien
Brabant. Aujourd’hui encore, le domaine de l’abbaye couvre quelque 42 ha et
constitue un témoin historique capital. Il dispose encore de tous les attributs
de l’abbaye de l’Ancien Régime. |
|
 |
A l’aide d’une maquette se trouvant à l’entrée, le
guide nous explique le plan du monastère. Les principales entités sont les
suivantes : l’église, le cloître, la sacristie, la cuisine, le réfectoire,
le chauffoir, l’infirmerie, la salle capitulaire, le dortoir, la bibliothèque,
les salons et les jardins ; en dehors des bâtiments claustraux se trouvent
la maison du proviseur, la menuiserie, la brasserie, la ferme, la grange et le
moulin.
Au sein de l’abbaye, les arts sont perçus comme
permettant d’élever l’esprit des religieux et d’entourer le monastère de
prestige. En matière d’art cependant, l’abbaye de Parc n’est pas aussi pointue
que certaines autres. Les prélats de Parc aimaient bien les grands bâtiments
pour faire impression sur le monde, mais ne possédaient le plus souvent pas le
goût raffiné d’une âme d’artiste. |
Cela n’exclut pas que quelques chefs-d’œuvre
sont venus orner l’église, le cloître et les salons de Parc.
Les abbés de la deuxième moitié du XVIIIème siècle
furent des grands protecteurs de P.J. Verhaghen. On
lui commanda les tableaux du chapitre représentant la vie de Saint Norbert, on
lui fit orner le sanctuaire de l’église par des tableaux de la vie du Seigneur
et on lui demanda des portraits ainsi que des scènes bibliques qui ornent les
salons du monastère. Le frère du peintre, J.J.Verhaghen,
peignit pour l’abbaye quelques scènes de genre et des natures mortes. Enfin,
l’abbaye conserve un nombre impressionnant de vitraux dont la restauration est
en cours.
Au fil des siècles, les sculptures de l’église ont
constitué un riche mobilier, mais il ne reste plus que certaines œuvres de J. Bergé
comme par exemple les chaires de vérité au fond de l’église avec les statues
des confessionnaux. |
|
 |
Quant à l’intérieur du cloître et le décor des bâtiments,
ils sont restés quasiment intacts. Les plafonds en stuc du XVIIème siècle dans le réfectoire et dans la bibliothèque, réalisés par J.C. Hansche et représentant en hauts-reliefs la vie de Saint
Norbert, les évangélistes et des docteurs de l’Eglise, sont tout
particulièrement impressionnants, sans oublier les anciennes et vastes
archives, la précieuse collection de livres et d’illustrations ainsi que la
riche collection d’œuvres d’art.
Après toutes ces passionnantes et surprenantes découvertes
que l’on va régulièrement chercher bien loin alors qu’il y a de superbes
trésors tout près, nous avons pris un morceau de tarte accompagné d’une petite
boisson avant de reprendre la route vers Gembloux. |
En vous souhaitant
bonne lecture, je vous adresse toutes mes amitiés,

|