dernièrre mise à jour 27/07/15

 
2015
 

 

Leuven

 

Gembloux, mi-juillet  2015

 

Bonjour à vous toutes et tous,

 

Le 16 juillet dernier, nous avons visité la jolie ville de Louvain (Leuven).  

Nous sommes attendus à 9 h 30 aux « Salons Georges » de Leuven. Cette petite ville située sur les berges de la Dyle est mentionnée pour la première fois dans des écrits datant du IXème siècle. Mais le premier apogée de la ville remonte au XVème siècle, époque à laquelle le commerce du drap apporta richesse et prospérité.

Cet élan s’accompagna de la fondation en 1425 de l’Université, de l’aménagement de la Grand-Place et de l’essor d’industries diverses. C’est également de cette période que datent de nombreux superbes bâtiments faisant la fierté de Leuven : le splendide Hôtel de Ville, l’église Saint-Pierre, la Halle aux draps (Halles universitaires), … Au travers des siècles, l’Université (K.U.Leuven) a en grande partie modelé le visage urbain de la ville qui est littéralement parsemée de bâtiments universitaires dont l’élégant Collège Van Dale (renaissance) ainsi que les Collèges du Faucon, du Pape et d’Arras (style classique). Leuven fait également la part belle au baroque avec notamment l’église Saint-Michel et l’incomparable stucage de l’Abbaye de Parc. Voilà le décor tout tracé pour notre visite !

En 1432, l’université fraîchement fondée fut installée dans une aile de la Halle aux draps, un prestigieux édifice gothique construit entre 1317 et 1345 et qui ne comprenait à l’origine qu’un niveau. En 1679, la ville donna toute la Halle en emphytéose à l’université qui ne tarda pas à construire l’étage en style baroque. En 1723, l’aile « Rega », de style classique, fut ajoutée du côté du Vieux Marché. La Halle abrita des classes et la bibliothèque jusqu’à la Première Guerre Mondiale. Une grande collection d’ouvrages se trouvait dans une splendide salle regorgeant de sculptures en chêne. Le glas de cette imposante bibliothèque sonna pendant cette guerre où une grande partie de l’intérieur fut incendiée ou emportée.

 

En 1922, les Halles furent reconstruites à l’identique et sont de nos jours encore le siège administratif de l’université.  

Au cours de notre visite, nous avons traversé une partie du rez-de-chaussée des Halles et nous avons pu admirer deux superbes salles, le tout richement illustré par les explications et anecdotes de notre guide. Ensuite nous sommes montés en haut du bâtiment, ce qui nous a livré une splendide vue sur une partie de la ville. 

A deux pas des Halles se trouve l’Hôtel de ville de Leuven qui est l’un des hôtels de ville gothiques les plus connus au monde. Le premier hôtel de ville a été dressé sur le Vieux Marché et le deuxième fut aménagé en 1439 dans une rangée de maisons sur la Grand-Place. Les vastes caves des maisons existantes ont été conservées et restaurées. La construction de l’hôtel de ville a duré des dizaines d’années.

Au pied de ce magnifique bâtiment, le guide nous raconte la fameuse tradition folklorique du « Meyboom ». Plusieurs versions existent sur l’origine de cette tradition dont l’une remonte en 1143 où on évoque un mariage entre un Louvaniste et une Bruxelloise qui aurait tourné court.

La concurrence entre Bruxelles et Leuven joue certainement un rôle dans cette tradition du Meyboom puisque l’arbre doit être planté avant 17 h sous peine de voir le privilège de la plantation passer aux mains des Louvanistes. Ceux-ci ont d’ailleurs enlevé l’arbre en 1939, mais les Bruxellois en ont coupé un autre qu’ils ont planté dans les délais. Il semble qu’aujourd’hui on ait accordé à chacune des deux villes le privilège du Meyboom, au grand regret des adeptes de l’ancienne tradition.

La concurrence entre Bruxelles et Leuven a également joué un rôle déterminant dans l’édification des hôtels de ville respectifs. Mais concentrons-nous sur celui de Leuven qui revêt l’aspect caractéristique du gothique tardif avec quatre tours d’angle, les deux tours de faîte et une balustrade qui ceinture le bâtiment ; il comporte trois étages. Entre les fenêtres, des saillies avec chaque fois deux niches ont été aménagées. Les socles de ces niches sont des sculptures représentant des thèmes bibliques, avec notamment le thème du péché et du châtiment qui revient systématiquement. Les socles avaient pour fonction à la fois d’enseigner et de réprimander, non seulement le peuple, mais aussi les juges qui y siégeaient.

Les 236 statues caractéristiques placées dans les niches ─ que l’on qualifie parfois encore de panthéon de Leuven ─ y furent aménagées après 1850. Les deux rangées de l’étage inférieur représentent des artistes, des savants et des personnages connus de l’histoire de Leuven. Au premier étage, les statues symbolisent les saints patrons des paroisses et les personnalités communales. Au second étage se trouvent notamment les comtes de Leuven et les ducs de Brabant. Les tours abritent des personnages bibliques.

A l’intérieur, la « Salle des Pas Perdus » au rez-de-chaussée est, comme souvent au Moyen Age, un prolongement couvert de la Grand-Place. Cet espace ouvert donnait accès à tous les services administratifs et à toutes les salles des étages ainsi qu’aux greniers. On y voit entre autre le drapeau de Leuven qui se compose de trois bandes : rouge-blanc-rouge, c.-à-d. les couleurs de la Basse-Lotharingie.

Pour la salle gothique, c’est Willem Ards qui fut chargé des sculptures des socles et des consoles des poutres du côté de la Grand-Place. Il trouva son inspiration dans des scènes du Nouveau Testament, notamment la vie de la Vierge et de Jésus. Durant les dernières décennies du XIXème siècle, la salle gothique a été restaurée de fond en comble : les sols et les plafonds furent réparés et les murs habillés. Une impressionnante cheminée fut construite sur l’un des plus petits côtés de la salle. Pour recouvrir les murs, la municipalité commanda onze tableaux du peintre tournaisien André Hennebicq. Il peignit quatre toiles monumentales représentant des événements importants de l’histoire de Leuven et sept portraits d’artistes et de savants louvanistes.

 

Quant aux salons qui se situent dans la partie la plus ancienne de l’hôtel de ville, ils furent utilisés comme salle du Conseil au XIXème siècle. Les murs du premier salon sont ornés de portraits des bourgmestres de Leuven depuis la période française. La pièce maitresse du deuxième salon est le chef-d’œuvre de P.J. Verhaghen : « Moise est présenté à la fille de pharaon ». De nos jours, ce salon fait entre autre office de salle de mariages.

Après ces deux visites très intéressantes, nous sommes retournés aux « Salons Georges » pour prendre le repas de midi. Ensuite, nous avons repris le car pour nous rendre à l’Abbaye de Parc.

L’abbaye des Prémontrés de Parc est une oasis de calme et de quiétude. L’espace ouvert, composé de champs, d’allées, d’étangs et de prés invite à la balade. Mais l’Abbaye de Parc est bien plus qu’un poumon vert dans la banlieue de Leuven. Le monastère et le domaine constituent un site patrimonial très précieux et harmonieux dont l’histoire est longue et passionnante et l’authenticité énorme.

Le domaine était initialement un parc de chasse de Godefroy le Barbu, duc de Brabant, d’où probablement son appellation. En 1129, il légua son parc aux prémontrés de l’Abbaye de Laon en leur demandant expressément d’y ériger une abbaye. Depuis lors, les prémontrés ont façonné le site de Parc et l’ont occupé pratiquement sans interruption. Au fil des siècles, Parc est devenu l’une des principales abbayes des Pays-Bas méridionaux. Ses abbés bénéficiaient d’une haute considération et son réseau de paroisses et de champs s’étendait sur de vastes pans du territoire de l’Ancien Brabant. Aujourd’hui encore, le domaine de l’abbaye couvre quelque 42 ha et constitue un témoin historique capital. Il dispose encore de tous les attributs de l’abbaye de l’Ancien Régime.

A l’aide d’une maquette se trouvant à l’entrée, le guide nous explique le plan du monastère. Les principales entités sont les suivantes : l’église, le cloître, la sacristie, la cuisine, le réfectoire, le chauffoir, l’infirmerie, la salle capitulaire, le dortoir, la bibliothèque, les salons et les jardins ; en dehors des bâtiments claustraux se trouvent la maison du proviseur, la menuiserie, la brasserie, la ferme, la grange et le moulin.

Au sein de l’abbaye, les arts sont perçus comme permettant d’élever l’esprit des religieux et d’entourer le monastère de prestige. En matière d’art cependant, l’abbaye de Parc n’est pas aussi pointue que certaines autres. Les prélats de Parc aimaient bien les grands bâtiments pour faire impression sur le monde, mais ne possédaient le plus souvent pas le goût raffiné d’une âme d’artiste.

Cela n’exclut pas que quelques chefs-d’œuvre sont venus orner l’église, le cloître et les salons de Parc.

Les abbés de la deuxième moitié du XVIIIème siècle furent des grands protecteurs de P.J. Verhaghen. On lui commanda les tableaux du chapitre représentant la vie de Saint Norbert, on lui fit orner le sanctuaire de l’église par des tableaux de la vie du Seigneur et on lui demanda des portraits ainsi que des scènes bibliques qui ornent les salons du monastère. Le frère du peintre, J.J.Verhaghen, peignit pour l’abbaye quelques scènes de genre et des natures mortes. Enfin, l’abbaye conserve un nombre impressionnant de vitraux dont la restauration est en cours.

Au fil des siècles, les sculptures de l’église ont constitué un riche mobilier, mais il ne reste plus que certaines œuvres de J. Bergé comme par exemple les chaires de vérité au fond de l’église avec les statues des confessionnaux.

Quant à l’intérieur du cloître et le décor des bâtiments, ils sont restés quasiment intacts. Les plafonds en stuc du XVIIème siècle dans le réfectoire et dans la bibliothèque, réalisés par J.C. Hansche et représentant en hauts-reliefs la vie de Saint Norbert, les évangélistes et des docteurs de l’Eglise, sont tout particulièrement impressionnants, sans oublier les anciennes et vastes archives, la précieuse collection de livres et d’illustrations ainsi que la riche collection d’œuvres d’art.

Après toutes ces passionnantes et surprenantes découvertes que l’on va régulièrement chercher bien loin alors qu’il y a de superbes trésors tout près, nous avons pris un morceau de tarte accompagné d’une petite boisson avant de reprendre la route vers Gembloux.

En vous souhaitant bonne lecture, je vous adresse toutes mes amitiés,