Hermalle-sous-Huy
Gembloux, mai 2015.
Bonjour à vous toutes
et tous,
Après un arrêt forcé
sur l’aire autoroutier de Fernelmont pour un contrôle
des documents du car, Thierry nous a déposés vers 9 h 30 à Hermalle-sous-Huy
devant la Ferme castrale. Une ferme ? Jadis oui ! Celle du château d’Hermalle contigu, encore ceint de douves. La ferme abrite
depuis 1993 le syndicat d’initiative. Les bâtiments, disposés en carré autour
d'une cour pavée et fleurie, datent principalement des XVIIème et XVIIIème siècles.
L'accès se fait à hauteur d'une porte cintrée et armoriée, à côté de la tour
cornière en façade sud, avant de passer par un large porche avec porte à deux
battants. Nous avons découvert d'abord une terrasse verdoyante, ensuite
une des plus belles granges de la région avec une charpente qui culmine à 17 m.
Et dire que dans le temps, on y engrangeait ... jusqu'au sommet !
Après avoir servi de
salle d'exposition, de concert, de théâtre, le corps de la grange est
actuellement occupé par un marché de
livres d'occasion. Sous les deux étages de la
grange, nous avons admiré deux salles couvertes de voûtes sur croisées d'arêtes
et doubleaux retombant sur des piliers carrés, chanfreinés, à chapiteau creusé
en cavet. |
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C'est là que se trouve le Musée de la
Gourmandise. L'aile est a été partiellement
rénovée et abrite le Musée des Postes restantes ainsi qu’un stand d'épicerie fine, de plantes aromatiques et de décoration florale de
table. Elle englobe également un petit
cimetière où fut élevée au XXème siècle une grotte de Lourdes garnie d'ex-votos qui témoignent encore de la ferveur populaire.
L'aile ouest est en attente de rénovation. Quant au corps de logis – en façade
nord –, il est marqué d'une tour-porche jadis défendue par un pont-levis qui a
constitué pendant longtemps le principal accès au château. Cette tour présente
un portail cintré surmonté d'une bretèche ornée d'un cartouche millésimé 1642.
La visite guidée des deux musées précités était programmée l’après-midi.
Circuit en car dans la « surprenante et verte Engis »
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Après avoir pris une jatte de café/thé avec un croissant artisanal dans la taverne Al Rawète,
nous avons repris le car pour une visite de l’entité engissoise.
Depuis le 1er janvier 1977, date d'application de la fusion des communes, les quatre
villages de Clermont-sous-Huy, Éhein, Engis et Hermalle-sous-Huy sont devenus les sections de la commune
d'Engis. Celle-ci présente de ce fait un caractère très diversifié, allant du
paysage champêtre à l'industriel en passant par des lieux importants pour les biospéléologues et d'autres qui
charment les historiens et amateurs du patrimoine.
Souvent décriée comme commune
« industrielle » ou « la plus polluée de Belgique », Engis
refuse cette critique et nous a prouvé le contraire par ce circuit dans les
quatre villages de son entité dont seulement 13 % sont occupés par l’industrie
contre 66 % de zones boisées et agricoles. Quelques haltes dans les hameaux
nous ont fait apprécier la diversité incroyable des paysages et de son
habitat ; nous avons notamment découvert un vieux moulin à eau au bord de
l’Oxhe.
Hermalle-sous-Huy est mondialement connu des amateurs d'art pour sa Madone, la Sedes sapientiae (vers 1070), conservée aux Musées royaux d'Art et d'Histoire du Cinquantenaire
(Bruxelles). |
Au cœur du village ancien, d'élégantes demeures des XVIIème et XVIIIème siècles - dont la maison natale du maître maçon
Jean-Gille Jacob, ornée de peintures uniques en Europe représentant les métiers
de la construction - forment un site architectural remarquable avec le château
ceint de douves et sa ferme.
Plus loin, nous avons fait une halte au lieu-dit Thier d’Olne. Il
s’agit d’une colline isolée, aujourd’hui entièrement boisée, qui est idéalement
positionnée pour assurer un contrôle direct du trafic sur le fleuve. Il est donc
logique qu’elle ait très tôt attiré l’occupation humaine. Cette colline recèle
en effet de nombreux vestiges archéologiques qui témoignent de l’occupation du
site durant des centaines d’années. On y a mis au jour des vestiges d’une
fortification protohistorique datant de la Tène, dont
les fouilles ont livré un important matériel, surtout céramique. Toutefois,
l’essentiel des vestiges actuellement mis au jour appartiennent à un habitat
aristocratique du Haut Moyen Age.
Un autre site intéressant est celui des Fagnes qui correspondraient à des
terrains marécageux, à des landes semées de marais. Le nom de la « Rue des Alunières » provient de
l’exploitation de l’alun (sel composé de sulfate d’aluminium, de potassium ou d‘ammonium et d’eau de
cristallisation) qui dura
près de deux siècles (de 1650 à 1850). Le lieu dit « Terres rouges » trouve également son
origine dans la couleur rougeâtre des résidus de schiste présents sur le site. Les
activités consistaient à extraire le schiste du
sous-sol et à le conditionner pour en
extraire, après une série d'opérations
spécifiques, la substance appelée « alun ».
Enfin, nous avons visité un des quatre géosites de Belgique : le parc des Tchafournis.
Celui-ci s'étend sur un ancien site industriel. Il comporte des allées sinueuses, des bosquets, un chemin creux, de larges pelouses, un panorama d'Engis,
un petit cirque et un géosite dont le parcours nous a permis de découvrir des éléments d'intérêt majeur dans l'histoire géologique de notre planète. De nombreux vestiges de l'activité industrielle ont été préservés dans ce parc : un ensemble de petits fours pour la fabrication de la chaux, datant du XIXéme siècle et nommés tchafornis en wallon, expliquent
l'appellation du parc. Des blocs de
pierre sont représentatifs des différents types de roches qui étaient exploitées dans la commune. Au sommet du parc se trouve l'étonnant géosite dont le
parcours est agrémenté de panneaux didactiques
réalisés par l'Université de Liège. Le
front d'une ancienne carrière montre
une série de bancs de pierre inclinés représentant les strates
géologiques qui se sont formées en plusieurs centaines de millions d'années. On peut ainsi admirer, en plein hémisphère nord européen, la coupe d'un récif coralien à stromatopores formé près du pôle sud par une éruption volcanique, il y a 370
millions d’années. ! Ce site géologique est exceptionnel en
Europe, se trouvant par ailleurs non loin des falaises où Schmerling découvrit
le tout premier fossile de l’homme de Neandertal ! |
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Après avoir pris le repas de midi au
restaurant « Le Grill-on-vert » localisé à Amay et où Copin’Age s’est
déjà arrêté à d’autres occasions, nous sommes retournés à la Ferme castrale de Hermalle-sous-Huy où d’autres découvertes nous attendaient.
Le musée de la Gourmandise et le
musée des Postes restantes
La visite du Musée de la Gourmandise a été très appréciée. Un musée tout
dédié à l’histoire de la cuisine et de l’alimentation, de l’antiquité à
aujourd’hui. La collection d’ustensiles étranges et insolites, le matériel de
cuisson d’autrefois ou des pièces plus précieuses ont fait l’objet
d’explications et d’anecdotes étonnantes. Le musée se targue aussi de posséder
l’une des plus importantes bibliothèques de gastronomie d’Europe.
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Il s’agit d’une nouvelle manière
de découvrir l’histoire de la gastronomie. Au
total, le musée comporte quelque 1.200 objets, meubles et tableaux rares ou
curieux, exposés en rotation, relatifs à la gastronomie allant de l’antiquité à
nos jours. La présentation des objets, soit en vitrines soit accrochés ou posés
le long des murs, n’est ni chronologique, ni typologique ; elle nous a
clairement incité à nous interroger sur ces objets. L’appréciation directe des
objets a contribué à mieux comprendre certains aspects économiques et pratiques
auxquels furent confrontés les gens de l’époque et à établir une comparaison
avec la vie contemporaine.
La visite était d’abord centrée sur l’allumage
du feu, les chenets et les landiers pour poser les bûches. La guide nous a
ensuite présenté l’évolution des |
ustensiles de cuisine et les différents modes
de cuisson dans le temps. Surtout ne pas confondre marmite, et casserole, poêle,
faitout …Enfin, nous nous sommes arrêtés devant le tableau « Le Christ
chez Marthe et Marie » de Jos Goeimar, circa 1600. Ici, la guide nous a expliqué la signification
et la symbolique des différents aliments qui y sont représentés.
En ce qui concerne le Musée des Postes restantes, il est le seul à traiter de
l’histoire de la Poste en Belgique depuis l’antiquité à nos jours. Nous
y avons trouvé des objets qui appartiennent au folklore et à l'archéologie :
timbres-litteras, boites aux lettres et enseignes
postales, cannes, sacoches, trompettes, claquoirs, pèse-lettres, … car les
bureaux de poste disparaissent dans bien des villages, les outils se
modernisent, et l'on n'entendra bientôt plus la musique « barbare » du
tampon sur le courrier, … Nous avons comparé les uniformes belges avec les
étrangers et découvert les différents couvre-chefs des postiers : du chapeau de
paille (belge !) au bonnet doublé de fourrure en passant par le béret et les
divers képis. Et puis, de vieux appareils téléphoniques évoquent l'époque où
l'administration des postes et celle du téléphone étaient intimement liées. |
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Et parce que sans messages écrits, il n'y aurait
pas eu de Poste …, le musée présente aussi l'histoire de l'écriture. Les
vitrines regorgent de stylos antiques, calames, taille-plumes, essuie-plumes,
encriers de bureau et de voyage, bouteilles d’encre, stylo-réservoirs luxueux,
boules presse-papiers, etc. Les machines à écrire, mécaniques et électriques,
sont présentes et aussi trois vieux ordinateurs : le modèle I du TRS-80,
le tout premier ordinateur portable (TRS-80 modèle 100) et un Macintosh SE de
1987 dont la dimension d'écran ... a abasourdi les internautes parmi nous. Le
musée présente également quelques calligraphies (du XVIIème siècle à
nos jours) et un superbe télégraphe du XIXème siècle rappelle une
autre façon d'écrire. |
A la fin des visites,
nous avons encore pris quelques moments pour flâner et chiner au Marché de livres d'occasion et de brocante - une vraie caverne d'Ali-Baba ! - ainsi qu’au stand raffiné Nature et Cuisine avant de clôturer la journée avec un petit verre
et une friandise.
Cette journée nous a permis de découvrir des
sites bien surprenants, mais aussi de prendre conscience des énormes
difficultés liées à la préservation du patrimoine architectural, surtout
lorsqu’il s’agit d’une initiative privée. Tout en sortant des sentiers battus touristiques, nous avons passé un très bon moment, riche en
savoir et anecdotes historiques. Journée réussie surtout grâce à Madame Nicole Hanot,notre guide qui nous a accompagnés durant cette
escapade, abordant tant les aspects liés
à l’histoire, le social, l’architecture, l’économie, …, et le tout émaillé d’anecdotes souvent mémorables.
Merci également à toute l’équipe de la Ferme castrale pour son accueil
chaleureux ! |
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Je vous
envoie toutes mes amitiés,

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