Dernière mise à jour : 24/08/06

2006

Mouscron

Sauvenière, fin août 2006.

Bonjour à tous,

Encore une excursion à notre actif et la découverte d’une ville située dans le Hainaut : Mouscron.

A l’écart du monde, ignorées du grand tourisme, surgissent comme égarées entre nos vastes plaines du nord et les riches plateaux limoneux, des collines aux courbes harmonieuses, véritable mosaïque de paysages et de couleurs.

Vers l’est, le pays vallonné d’Entre Escaut et Dendre succède aux vagues ondulations des collines de Mouscron.

Mouscron est une ville frontière de l’ouest du Hainaut, mariée à la France comme à la Flandre.

Cette entité qui compte grosso modo 52.000 âmes depuis la fusion des communes recèle quelques intérêts patrimoniaux tel l’hôtel de ville, édifié en style néogothique. L’édifice le plus étonnant est sans doute son ancienne piscine témoignant de l’influence du Bauhaus. Nos pas ne nous ont malheureusement pas conduits vers elle pour l’admirer.

Mouscron était, jusqu’il à il y a peu, un important centre industriel textile. Il faut malheureusement parler au passé, car comme pour beaucoup de nos industries la concurrence, d’abord des pays nord-africains et maintenant de l’Asie, font que la lutte devient impossible.

L’histoire de la ville est liée à celle de l’industrie textile. Au milieu du XVIIIèmesiècle,  l’industrie lainière supplanta les activités agricoles, mais c’est avec la fabrication du molleton, tissu mélangé de lin et de laine, à partir de 1758, que Mouscron se développa : toile, coton puis filage de la laine peignée et tissage de tapis se succèdent. Au cours du XXème siècle des zones industrielles surgissent, les patrons français investissant en Belgique pour échapper au fisc. La ville s’étend rapidement pour ne plus former qu’une seule agglomération avec Lille.

Attestée depuis le XIème siècle l’existence de Mouscron qui signifierait « endroit marécageux  couvert de mousse » fut ballottée d’une seigneurie à l’autre, subissant les avatars des traités et autres partages frontaliers.

Donnée par le comte de Flandre à la collégiale de Lille en 1066, la paroisse passa sous la tutelle de l’abbaye de l’Eeckhout à Bruges, puis sous celle de Tournai. Les territoires, eux, étaient rattachés à la châtellenie de Courtrai : français par les traités d’Aix la Chapelle conclus en 1688 et de Nimègue en 1678. Ils furent rendus aux Pays-Bas par le traité d’Utrecht en 1713.

Ravagée par les guerres de la fin du XVèmesiècle, par les guerres de religion qui trouvèrent leur consécration dans la révolte des Hurlus et par les guerres de Louis XIV, les Mouscronnois connurent encore l’échauffourée du Risquons-Tout en 1848 et l’occupation allemande des deux guerres mondiales.

Ayant par hasard lu un article sur Mouscron, il m’a paru intéressant de vous en communiquer le contenu.

Mouscron est une ville pilote au point de vue bioclimatique. En effet il s’y déroule, mise sur pied il y a deux ans, une étude quant à la construction d’une cité bioclimatique à caractère social et d’un pôle technologique wallon en bioclimatique.

Cette étude est constituée de deux phases techniques : tout d’abord la phase d’étude en ce qui concerne la réalisation des plans et cahiers des charges et une phase de réalisation.

Le pôle technologique, bâtiment d’accueil, comprendra une bibliothèque, une salle d’expositions ; des documents spécifiques à la bioconstruction et sera une source d’idées pour tout public  ainsi que pour les  architectes et  les professionnels du bâtiment. Son ouverture au public est prévue dans le courant du dernier trimestre 2006.

Ce projet pilote « la nature et ma maison » sera donc un exemple concret de logements mixtes durables à conditions abordables .Ces bâtiments seront au nombre de 34.

Signalons que l’architecture bioclimatique recherche une synthèse harmonieuse entre la destination du bâtiment, le confort de l’occupant et le respect de l’environnement, en faisant largement appel aux principes de l’architecture. Elle intègre des éléments aussi divers que les déchets, le choix des matériaux, les sources de lumière, les formes, les orientations, les plantes, etc… Plusieurs projets de ce type se préparent dans d’autres villes du pays.

Il n’est pas possible de parler de Mouscron sans parler de son

Folklore.

Certaines villes ont une histoire des plus riches en fait d’armes ou en témoignages architecturaux. A Mouscron, rien de tout cela ! La ville a su conquérir ses lettres de noblesse et remédier par là même aux injures du destin .Une preuve évidente de la bonne santé du folklore mouscronnois est la fête des Hurlus.

Au 1er week-end d’octobre, les Hurlus déferlent sur la ville. Ceux-ci trouvent leur origine dans les guerres de religion au XVIème siècle. Depuis plus de trente ans, même si l’histoire ne sert que de prétexte, la fête des Hurlus est devenue un exemple de l’animation populaire dans une cité qui sait, ô combien, ce que festoyer veut dire.

Tout d’abord : « hurlu » le nom vient de hurleurs, bandits qui régnaient en maîtres sur les alentours de Mouscron.

La fête débute par le traditionnel cortège des allumoirs. En effet, s’il est une manifestation qui récolte tous les suffrages auprès des familles mouscronnoises c’est bien ce fameux cortège. Le vendredi soir, venus des quatre coins de Mouscron, des milliers d’enfants costumés de la tête aux pieds, se donnent rendez-vous sur la Grand Place. En guise d’allumoirs, ils portent au poignet une betterave creusée dans laquelle scintille une bougie. L’effet est saisissant. Les enfants sont accompagnés par des fanfares, musiciens et autres groupes folkloriques. A l’unisson, ils déambulent dans les rues de la cité chantant à en perdre la voix le refrain de l’hymne du jour : « Vivent les allumoirs ma mère, vivent les allumoirs ». Arrivés sur la Grand Place, l’heure est alors aux distributions de souvenirs et de friandises. Prennent alors possession des lieux, rockers et rollers  qui animeront le centre ville jusqu’aux petites heures. Et puis, une fois les lampions éteints, la nuit durant, les ouvriers communaux oeuvrent  d’arrache-pied pour transformer la place en une véritable canebière. Dès le samedi matin, des centaines de boulistes venus de partout dans le monde investissent l’endroit, histoire de « taper la boule » le temps d’un week-end sous l’œil attentif du sieur « Géant Hurlu » installé déjà très tôt le matin. Tandis que ces derniers s’adonnent à leur sport favori, des centaines de musiciens, majorettes, troubadours et autres jongleurs et acrobates défilent tambours battants aux quatre coins d’un centre ville où les odeurs de beignets, pommes d’amour et autres gourmandises confèrent à la cité des Hurlus les parfums d’une fête réussie. Concentration de Harley Davidson, défilés de mode, concours de karaoké, concerts, dégustations, brocantes, et j’en passe, sont quelques attractions qui animent tout le week-end.

Le dimanche, le folklore reprend ses droits avec le matin l’intronisation annuelle des Baillis dans la salle des mariages de l’Hôtel de Ville. Puis, en fin d’après midi arrive l’apothéose  de ces jours de fête. Le Bourgmestre, du haut d’une nacelle de grue lance vers des milliers de mains tendues, les petites poupées porte bonheur à l’effigie des Hurlus.

En fait, sous ce nom curieux qui évoque des « hurleurs » se cache un épisode des guerres de religion passablement revu par le folklore. L’origine de la fête remonte au milieu du XVIème siècle quand de nombreux luthériens s’assemblèrent dans la région de Tournai. Chassés du centre de Mouscron, ils se réfugièrent au Mont-à-Leux d’où ils pillèrent églises et couvents. Mais le Duc d’Albe sonna la chasse aux hérétiques. Les Hurlus furent chassés du château des comtes par un régiment wallon. L’histoire n’en retient cependant que le symbole de la résistance mouscronnoise à toute oppression et les Hurlus se réconcilient avec leurs persécuteurs lors de l’intronisation des Baillis le matin de la fête.

Après un bon petit déjeuner, nous avons visité une

PME fabricant des vitraux et dont voici l’historique.

 
  • 1985 - Mme R. Lannoy se lance comme indépendante dans la profession de Maître verrier. Elle exerce son art dans le garage de son habitation.
  • 1991 - Elle engage un ouvrier qu’elle forme pour le travail des vitraux d’art.
  • 1992 - Mme Lannoy investit dans un atelier où elle dispose d’une surface de 250 mètres carrés lui permettant d’accueillir de gros travaux. Dans cette même année son fils, J-M Derveaux la rejoint dans l’entreprise qui adopte dès lors la dénomination commerciale de LR Vitraux.
  • 1995 -  L’entreprise décide de se lancer dans la vente des verres colorés : antique soufflé, cathédrale coulé, opalescent, antique étiré, etc
  • 1997 - La PME investit dans un nouvel atelier de plus grande surface et la fille Françoise rejoint l’entreprise familiale.
  • 1998 -  LR Vitraux investit dans un équipement numérique.
  • 2004 -  deux ouvriers supplémentaires sont engagés pour le travail des vitraux d’art et la firme investit dans du matériel informatique pour la réalisation des dessins et projets. Elle acquiert un four pour la fusion et le thermoformage des verres lui permettant de fusionner des surfaces de 1000 x 2250mm en une seule pièce.
 

Cette PME performante s’occupe de

  • restauration et créations de vitraux d’art pour les églises, chapelles, monuments et sites.
  • utilisation de la peinture sur verre à l’aide d’émaux et de grisailles suivant la méthode ancestrale des maîtres verriers.
  • fabrication de vitraux à motifs personnalisés pour la décoration et l’agencement de commerces, cafés, hôtels…
  • fusion et thermoformage de verres,
  • fabrication de médaillons peints ou non à suspendre aux fenêtres à motifs personnalisés

liste non exhaustive de leur fabrication.

 

Ils assurent aussi le négoce de différents verres : façonnés, biseautés, gravés, sérigraphies.

Visite pour laquelle je n’avais eu que très peu de détails mais qui s’est révélée vraiment intéressante et commentée avec beaucoup de chaleur par la propriétaire et sa fille. Un ouvrier au travail de la découpe des verres nous a ébahis par son savoir-faire. Un petit cadeau souvenir a été remis à chaque participant  en fin de visite.

Repas agréable et après il faut se remettre au travail.

Nos guides, très gentilles l’une et l’autre, ont chacune pris un groupe. Très commode pour les visites, on comprend mieux lorsqu’on est moins agglutiné autour du commentateur.

Nous avons donc alternativement visité l’hôtel de ville et la maison Picarde. Pour nous rendre à ces deux sites, nous sommes d’abord passés par un quartier entièrement rénové. Conçu par l’architecte qui a réalisé Louvain-la-Neuve l’idée de base est la même mais l’endroit est plus riant. Au centre une fontaine ornée de statues de Hurlus décline un sentiment de fraîcheur. D’après la guide toutes les générations y font bon ménage.

Maison Picarde

En 1892, on crée à Mouscron une société coopérative ouvrière, organe essentiel des activités socialistes de Mouscron et de sa région. Vu son succès, deux infrastructures nouvelles apparaissent : la maison du Peuple et la boulangerie coopérative. La guerre vient contrecarrer les rêves d’agrandissement et en même temps, les services rendus par la coopérative durant cette période sombre accroissent le nombre de ses membres. De nouveaux équipements sont érigés : le Palais des fêtes composé d’une salle de spectacles et d’une salle de danse, un immeuble pour les Enfants du Peuple, un parc de loisirs, les magasins généraux et un hangar fermé pour le stockage du charbon. Aujourd’hui ne subsistent que la salle de danse et les bureaux qui forment l’actuelle Maison Picarde dont l’architecte était Martial Rémi (1879-1938).

L’intérieur de ce bâtiment érigé entre 1922 et 1923 vaut le détour. En effet les faïences peintes qui ornent la salle du premier étage ont été classées : elles représentent des scènes bucoliques d’édification et portent au pinacle les valeurs proposées par le socialisme en marche, parmi elles le travail, l’émancipation, le savoir, le culte de la famille. Elles sont le résultat d’un travail titanesque exécuté en grande partie par l’atelier des disciples de Jules Biesbroek, artiste gantois, chantre du socialisme (1848-1920).

L’hôtel de ville

De style néo-gothique, bâtiment imposant sur la place principale de Mouscron. L’on ne peut en visiter que la salle des  mariages, les autres parties étant occupées par les bureaux communaux.  Plafond en bois, aux murs les photos peintes de divers membres influents de l’histoire de Mouscron, au sol, un tapis, réalisé par une usine locale, arborant les blasons des différentes entités formant Mouscron. Anciennement le blason de Mouscron était surmonté d’une couronne, vestige de la domination comtale.

Après ces visites, un bon petit goûter avant de reprendre la route a été accepté avec plaisir par les participants.

Je crois que tout le monde a été touché par l’accueil, la gentillesse et les connaissances des deux guides qui nous ont accompagnés au cours de cette journée qui, malgré les prédictions assez alarmistes de la météo, s’est déroulée sous un temps très agréable.